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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

TJOTES. 52 1 Lacédémone avait des troupes considérables et d’excesseus généraux ; et cela, quoiqu’ils n’eussent pas lieu d’être contens de la conduite qu’avaient tenue à leur égard les Thébains et les Corinthiens dans la guerre du Péloponèse : il y a en grec, dans la guerre Décélique. Décélée était un bourg de l’Attique. Les Lacédémoniens s’en étant rendus maîtres la dix-neuvième année de la guerre du Péloponèse, le fortifièrent ; et, à la faveur de ce poste, ils causèrent de grands dommages aux Athéniens pendant tout le reste de cette guerre. La dernière partie de cette guerre s’appela donc guerre Décélique. Mais le fort de Décélée devint si célèbre, qu’on donnait quelquefois ce nom à la guerre entière du Péloponèse, laquelle guerre du Péloponèse s’était élevée entre Athènes et Lacédémone. La révolte des Corcyréens contre Corinthe en fut l’occasion et le prétexte ; mais la trop grande puissance, et la domination odieuse d’Athènes, en furent la véritable cause. Cette guerre entraîna tous les peuples de la Grèce, dont les uns se déclarèrent pour Athènes, les autres pour Lacédémone. Elle dura vingt-sept ans.Elle était appelée guerre du Péloponèse, parce que les Lacédémoniens, qui en étaient les chefs, étaient habitans „ d’une partie de la contrée de la Grèce, appelée Péloponèse.

[33] Les Thébains, ayant à leur tête Épaminondas, avaient remporté à Leuctres, sur les Lacédémoniens, une victoire qui avait fort affaibli leur puissance ; sous la conduite du même chef, ils avaient fait une irruption dans la Laconie, qu’ils avaient ravagée ; ils avaient fait trembler Sparte elle-même. Les Lacédémoniens, ayant tout à craindre d’un ennemi qui devenait tous les jours plus fier et plus entreprenant, recoururent aux Athéniens, et députèrent vers ce peuple pour implorer son secours. Les Athéniens n’avaient pas oublié les mauvais traitemens qu’ils avaient reçus de Sparte en plus d’une occasion ; il fut résolu cependant qu’Athènes secourrait les Lacédémoniens de toutes ses forces.

[34] L’Eubée était divisée en deux factions, dont l’une avait réclamé le secours de Thèbes, et l’autre celui d’Athènes. Les Thébains d’abord ne rencontrèrent point d’obstacle, et firent sans peine triompher leur faction ; mais, à l’arrivée des Athéniens, tout changea de face. Ils repoussent les Thébains, les chassent, rétablissent le calme dans l’Eubée, et ne veulent d’autre fruit de leurs travaux que la gloire d’avoir, vaincu et pacifié. Ils avaient toutefois beaucoup à se plaindre de Thémison, tyran d’Érétrie, qui, de concert avec Théodore, leur avait enlevé Orope en pleine paix.

[35] En grec, des citoyens s’étaient alors offerts d’eux-mêmes pour être triérarques. Les triérarques étaient des citoyens chargés par la république d’équiper à leurs dépens une ou plusieurs galères. — Mais nous