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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

en public avec tout le faste de la grandeur et de la puissance : pour moi, j’étais moins magnifique que vous, je l’accorde, mais plus zélé pour les Athéniens.

Au reste, un bon patriote, et ce titre est le moins superbe que je puisse prendre, doit posséder, surtout, deux qualités ; il doit, dans les grands emplois, maintenir l’honneur et la prééminence de la république, et se montrer zélé dans toutes ses démarches et dans toutes les occasions. Ces qualités sont au pouvoir de l’homme ; les forces et les succès ne dépendent pas de lui. Non, Athéniens, mon zèle pour vous ne m’abandonna jamais ; il ne se démentit, ni lorsqu’on demandait ma tête, ni lorsqu’on me citait au tribunal des amphictyons, ni lorsqu’on voulait m’ébranler par des menaces ou par des promesses, ni lorsqu’on déchaînait contre moi ces furieux, comme autant de bêtes féroces. Dès mes premiers pas dans le ministère, je suivis la route la plus droite, je me fis une loi de ménager les honneurs, la gloire, la puissance de ma patrie, et de les partager avec elle. Lorsque nos ennemis prospèrent, on ne me voit point, d’un air de triomphe et de satisfaction, me promener dans la place publique, présenter la main, et faire part des bonnes nouvelles [104] à des gens qui les manderont en Macédoine : on ne me voit point, lorsque j’apprends nos succès, trembler, soupirer, baisser les yeux vers la terre, à l’exemple de ces