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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

vous doit-on de tous ces avantages ? Quelle ressource les pauvres ou les riches trouvèrent-ils jamais dans vos libéralités pour l’état ? aucune. Mais au moins, direz-vous, j’ai montré de l’ardeur et du zèle. Dans quel lieu, dans quel tems, ô le plus pervers des hommes ! Lorsque, sans exception, tous ceux qui avaient parlé à la tribune contribuèrent de leurs biens pour le salut commun ; que dernièrement encore Aristonique fit à la république le sacrifice d’un argent qu’il destinait à des besoins personnels [100], vous ne vous montrâtes pas même alors, vous ne donnâtes rien. Peut-être étiez-vous dans l’indigence. Dans l’indigence ! vous qui aviez hérité plus de cinq talens de Philon [101], votre beau-frère, et qui aviez reçu, pour votre part, deux talens que vous donnaient les chefs de chaque classe, pour avoir changé la loi des armateurs ! Mais j’omets ces détails, afin de ne pas me jeter dans des écarts, en passant ainsi d’un propos à un autre. Toujours est-il clair que ce n’est point par indigence que vous ne fournîtes pas aux contributions, mais dans la crainte d’agir en rien contre les intérêts de ceux qui vous paient.

Quand donc paraissez-vous avec avantage ? Quand brillez-vous le plus ? c’est quand il faut parler contre vos citoyens. C’est alors que vous mettez en œuvre une voix éclatante, une excellente mémoire, tous les talens d’un merveilleux histrion,