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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

ce que j’avance, et lisez l’énumération des secours que mes décrets ont procurés à la république.

Le greffier lit.

Voilà, Eschine, voilà ce que doit faire un bon citoyen. Si le succès eût suivi, Ciel et Terre, je vous en atteste ! nous serions maintenant au faîte de la grandeur, et à juste titre : mais, si le succès nous a manqué, nous avons du moins cet avantage, que notre réputation est intègre, notre conduite irréprochable, et qu’on impute tout à la fortune, qui règle les choses à son gré. Oui, voilà ce que doit faire un bon citoyen, et non se détacher des intérêts de la patrie, se vendre aux ennemis de l’état, pour les servir à son préjudice ; non déchirer un ministre qui s’est fait une règle de ne prononcer aucun discours, de ne proposer aucun décret qui ne soit digne de la république ; non chercher l’occasion de venger la moindre offense personnelle, ni se retrancher, comme vous faites si souvent, dans un loisir coupable et perfide. Il est, sans doute, Athéniens, il est un loisir honnête et même utile à la république ; tel est celui dont plusieurs de vous jouissent avec simplicité ; mais non celui dont Eschine abuse : il s’en faut beaucoup. Éloigné des affaires quand il lui plaît, ce qui n’est pas rare, il épie le moment où vous êtes fatigués d’un orateur qui parle sans cesse, et où, par un caprice de la fortune, nous éprouvons quelqu’un de ces