Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/509

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
499
HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

partie de mon ministère. Non, ce n’est point avec des briques, ni avec des pierres, que j’ai fortifié Athènes ; ce n’est point de cela que je m’applaudis davantage. Examinez vous-même, avec des yeux d’équité, les fortifications dont je l’ai revêtue. Armes, navires, ports, villes, forteresses, chevaux, soldats levés pour la défense commune ; voilà ce que vous trouverez, Eschine ; voilà les remparts dont j’ai couvert et muni l’Attique, autant que le pouvait la prudence humaine ; remparts qui embrassaient toute la contrée, et non simplement le port et la ville. Enfin, ce n’est pas de moi que triomphèrent la politique et les armes de Philippe, il s’en faut beaucoup ; c’est des généraux et des troupes confédérées que triompha sa fortune. En voici les preuves qui sont évidentes ; jugez-les, Athéniens.

Que devait faire un citoyen zélé, un ministre qui travaillait pour sa patrie avec toute la prudence, toute l’ardeur, toute la droiture dont il était capable ? Ne devait-il pas couvrir l’Attique du côté de la mer, par l’Eubée ; du côté du continent, par la Béotie ; du côté du Péloponèse, par le pays limitrophe ? Ne devait-il pas nous ménager un passage libre et sûr pour le transport de nos grains ? d’une part, nous assurer ce que nous possédions, la Proconèse, la Quersonèse, Ténédos, y faire marcher des secours, parler en conséquence, et proposer des décrets ; de l’autre, engager dans