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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

On lit les témoignages qui attestent les charges publiques que Démosthène a remplies.

Dans mes fonctions publiques, voilà comme je me suis comporté. Dans le reste de ma vie, si vous n’êtes pas tous convaincus que j’ai été doux, humain, toujours prêt à secourir nos citoyens indigens, je me tais, et ne me permets de citer ni les prisonniers que j’ai rachetés, ni les filles sans parens et sans fortune que j’ai mariées, ni telle autre action dont je pourrais tirer gloire. Car, en fait de service, tel est mon sentiment : c’est à celui qui l’a reçu de le publier, à celui qui l’a rendu de le taire, si l’un veut être généreux, et si l’autre craint d’être ingrat. Qui rappelle un bienfait, a l’air de le reprocher. Je ne ferai rien de semblable ; rien ne me fera descendre à de pareils détails. Quoi qu’on pense de moi à cet égard, je suis content.

J’abandonne les objets particuliers pour revenir aux objets publics ; je veux encore en dire quelques mots. Si, dans tout l’univers, Eschine, vous pouvez nommer un seul mortel, Grec ou Barbare, qui n’ait ressenti les effets de la puissance de Philippe et d’Alexandre, à la bonne heure, je conviens avec vous que mon sort, ou, si vous le voulez, mon mauvais destin, a causé toutes les révolutions présentes. Mais si tant d’hommes, qui ne m’ont ni vu ni entendu, je ne dis pas des particuliers, mais