Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
472
HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.


Vous étiez valet d’école, moi, j’étais écolier ; vous serviez dans les initiations, j’étais initié : vous dansiez dans les jeux, j’y présidais : vous étiez greffier, moi magistrat : vous étiez acteur des troisièmes rôles, moi spectateur ; vous vous laissiez tomber sur le théâtre [92], je sifflais : dans le ministère, vous agissiez pour nos ennemis, moi pour la patrie : et, pour finir le parallèle, aujourd’hui même où il est question pour moi d’une couronne, on rend justice à mon innocence ; vous, au contraire, vous êtes reconnu pour un calomniateur, et il s’agit de décider si, dans ce jugement, on vous imposera silence pour toujours, en ne vous accordant point la cinquième partie des suffrages. Vous le voyez, Eschine, la fortune brillante qui vous a constamment suivi, vous donne le droit de mépriser la mienne. Je vais vous lire, Athéniens, les témoignages qui attestent les charges publiques que j’ai remplies : vous, Eschine, lisez les vers que vous débitiez si mal ; ceux-ci, par exemple, [95]


Je quitte le séjour du ténébreux Averne


et ces autres,

Sachez que, malgré moi, j’annonce des désastres….


Et… Que les dieux, et tous ces hommes qui m’écoutent, te perdent comme tu le mérites, citoyen pervers, traître à la patrie, vil acteur des troisièmes rôles. Lisez, greffier, les témoignages en ma faveur, que j’ai annoncés.