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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

courses, vous vous amusiez à cueillir sur le terrain d’autrui des figues, des raisins, des olives, comme si vous eussiez acheté la récolte. Aussi reçûtes-vous alors plus de coups que dans toutes ces représentations où vous risquiez pour vos jours. Car, les spectateurs vous avaient déclaré une guerre irréconciliable ; et, comme ils ont payé vos talens de plus d’une blessure, vous êtes fondé à traiter de lâches ceux qui ne connaissent pas ces périls. Sans m’arrêter aux vices qu’on peut attribuer à l’indigence, je viens à ceux qui naissent de votre fonds. Dans les affaires politiques (car vous voulûtes aussi vous en mêler), on vous vit, par une suite de vos engagemens, vous affliger des succès de votre patrie, trembler, frémir, redoutant le supplice pour les crimes que vous aviez à vous reprocher, et ne montrant de l’assurance, que quand vos compatriotes étaient malheureux. Mais un homme qui se félicite de la mort de plusieurs milliers de citoyens, que ne doit-il pas avoir à craindre de ceux qui leur survivent ?

J’aurais encore à dire de lui mille choses que je supprime, persuadé que je ne dois pas dévoiler au hasard toutes ses turpitudes, mais seulement colles dont je puis parler sans rougir. Faites donc, Eschine, sans aigreur et sans amertume, le parallèle de votre fortune et de la mienne, et demandez, à ceux qui nous environnent, laquelle des deux ils voudraient choisir.