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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

aussitôt après l’expiation, vous leur ordonniez de prononcer ces mots : J’ai fui le mal et j’ai trouvé le bien. Vous vous vantiez de crier mieux que personne ; et je n’ai pas de peine à le croire : vous déclamez aujourd’hui d’un ton trop éclatant pour n’avoir pas crié alors d’une manière remarquable. Pendant le jour vous conduisiez en triomphe les troupes des nouveaux initiés, qui marchaient dans les rues couronnés de fenouil et de peuplier. Vous pressiez des serpens [90] dans vos mains, les élevant sur vôtre tête, criant à haute voix, Évoë, saboë, et dansant à l’air de ces paroles, Hyès attès, attès hyès. Honoré par les vieilles femmes des noms de chef, de conducteur, de porte-van, de porte-lierre, et autres semblables, vous en receviez des tourtes et des gâteaux, digne fruit de vos peines. Qui n’admirerait après cela son bonheur ? qui n’envierait sa fortune ? Quand vous fûtes inscrit, n’importe comment, je passe sur l’article, enfin, quand vous fûtes inscrit dans une tribu [91], vous choisîtes aussitôt l’honnête emploi de greffier et d’huissier, sous des magistrats subalternes. Dégoûté de cette profession brillante où vous avez commis vous-même les malversations que vous reprochez aux autres, la suite de votre vie ne dépara point de si beaux commencemens : vous vous engageâtes, pour jouer les troisièmes rôles, dans la troupe de Simylus et de Socrate, ces fameux histrions, surnommés les Pathétiques. Dans vos