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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

affaires et des deniers de l’état. Ils le firent d’abord, non par eux-mêmes, mais par des agens coupables, sous le nom desquels ils espéraient cacher leurs desseins. Dans les premiers tems, vous le savez, Athéniens, et vous ne l’avez pas oublié, on m’accusait presque tous les jours ; la folie de Sosiclès, la noirceur de Philocrate, la fureur de Diondas et de Mélane [85], furent mises en œuvre ; rien n’était épargné. Si, dans toutes ces occasions, mes ennemis n’eurent jamais l’avantage ; après les dieux, c’est à vous et aux autres citoyens que je le dois. Cette justice m’était due, et je l’attendais de juges équitables qui voulaient être fidèles à leur serment. Ainsi, dans les causes pour crimes d’état, me déclarer innocent, sans accorder aucun suffrage à mes accusateurs, c’était me déclarer un excellent ministre ; me renvoyer absous d’une accusation concernant les lois, c’était me rendre le témoignage que je ne disais et ne proposais rien que de conforme aux lois ; approuver mes comptes, c’était reconnaître mon intégrité irréprochable dans le maniement de vos finances. Après cela, en quels termes l’auteur du décret devait-il s’expliquer sur ma conduite ? Pouvait-il parler autrement que le peuple, autrement que des juges engagés par un serment, autrement que la vérité même qui s’exprimait par la voix publique ? Je le veux, dit Eschine ; mais il est glorieux de n’avoir jamais été accusé, ainsi que Céphale [86]. Oui, sans doute.