Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/461

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
451
HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

de Philippe, notre ennemi et notre rival. D’abord, ce qui est essentiel dans la guerre, il était lui-même généralissime de ses troupes ; ses soldats étaient aguerris, toujours sous les armes ; ses finances dans le meilleur état ; tout ce qu’il jugeait à propos, il le faisait à l’instant sans l’annoncer dans des décrets, sans délibérer en public, sans être cité en justice par la calomnie, ni accusé comme infracteur des lois, sans être obligé de rendre compte à personne ; par-tout souverain arbitre, chef et maître absolu. Pour résister à un tel prince (ceci mérite d’être examiné), qu’avais-je en ma disposition ? Rien. Le droit même de monter à la tribune, seul avantage que je pusse lui opposer, je le partageais avec ses fidèles pensionnaires ; et leurs avis pernicieux ne pouvaient l’emporter sur mes conseils, ce qui n’arrivait que trop souvent sous divers prétextes, que vos résolutions ne fussent au gré de l’ennemi.

Malgré d’aussi grands désavantages, je vous procurai l’alliance des peuples de l’Eubée, de l’Achaïe, de Corinthe, de Thèbes, de Mégares, de Leucade, de Corcyre ; ces alliances vous ont donné quinze mille hommes d’infanterie et deux mille de cavalerie, sans compter les troupes de la république. Quant aux subsides. je les fis monter le plus haut que je pus. Si, vous rejetant sur ce que devaient fournir pour leur part les Thébains, les Byzantins et les Eubéens, vous disputez, Eschine,