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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

épargner ses peines, et, en cas de malheur, se ménageait une excuse. Quoi donc, dira quelqu’un, avez-vous, sur les autres, une telle supériorité de force et de courage, que seul vous ayez suffi à tout ? Je ne dis pas cela ; mais telle était à mes yeux la grandeur du péril qui menaçait la république, qu’il me semblait devoir exclure toute réflexion sur ma sûreté propre, et demander, pour le bien commun, qu’un seul homme se prêtât à tout, sans se refuser à rien. Je m’étais aussi persuadé, peut-être follement, mais enfin je m’étais persuadé que personne ne proposerait rien de mieux que ce que je proposais, ne ferait rien de mieux que ce que je faisais, et ne s’acquitterait de l’ambassade avec plus de zèle et d’intégrité : aussi je me trouvais par-tout. Greffier, lisez les lettres de Philippe.

On lit les lettres [79].

C’est ma politique, Eschine, qui réduisit Philippe à cette démarche ; c’est moi qui le fis descendre à cet humble langage, lui qui, tant de fois, écrivit contre nous en termes fiers et hautains. Pour récompense, on m’accorda une couronne. Vous qui étiez présent quand j’étais couronné, vous ne vous y opposâtes pas ; Diondas [80], qui attaqua les décrets, n’obtint pas la cinquième partie des suffrages. Greffier, lisez-nous ces décrets, qui ne furent ni condamnés par les juges, ni attaqués par Eschine.