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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

un témoignage honorable à votre valeur, à votre justice et à votre sagesse. En préférant d’unir leurs armes aux vôtres, ils vous ont jugés plus vaillans et plus justes que Philippe ; et, en vous confiant sans crainte ce qui chez eux, comme chez tous les hommes, est gardé avec le plus de soin, leurs femmes et leurs enfans, ils ont déclaré qu’ils ne doutaient nullement de votre vertu. Vous ne tardâtes pas à leur apprendre qu’ils ne s’étaient point trompés sur votre compte. Pendant tout le tems où votre armée séjourna dans la ville, on ne se plaignit jamais, pas même injustement : tant vous montrâtes alors de modération. Dans les deux premiers combats, livrés [77] de concert avec eux, vous parûtes, je ne dis pas irrépréhensibles, mais admirables, par la discipline, le bon ordre et l’ardeur de vos troupes. Aussi, vous receviez des éloges dans les autres villes ; et, dans la vôtre, on faisait aux dieux des sacrifices solennels et des prières publiques. Lorsqu’Athènes était occupée de cette fête, qu’on ne voyait et n’entendait par-tout qu’acclamations de joie et transports d’allégresse, je demanderais volontiers à Eschine s’il sacrifiait alors, et s’il se réjouissait avec le peuple ; ou bien si, triste, abattu, gémissant sur la prospérité publique, il se tenait caché dans sa maison. S’il assistait, avec les autres, aux sacrifices, n’est-ce pas un crime, ou même une impiété, de vouloir que des juges liés envers les dieux par la religion du serment, condamnent.