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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

la valeur. Cette conduite était juste ; car tous avaient montré le même courage, quoiqu’ils eussent éprouvé chacun le sort que leur réservait la divinité.

Après cela, calomniateur odieux, vil et méprisable greffier, afin de m’enlever, avec la couronne, l’estime et la bienveillance des Athéniens, vous nous avez détaillé les belles actions, les combats et les trophées de nos ancêtres, comme si la cause avait besoin de ce détail. Pour moi, orateur de la république, qui voulais l’engager à combattre pour la prééminence, quels sentimens, indigne histrion, devais-je porter à la tribune ? ceux d’un homme qui lui conseillât des bassesses ! La mort eût été mon juste partage.

Enfin, Athéniens, on ne doit pas juger dans le même esprit les causes des particuliers et les causes publiques. Les affaires des particuliers se décident d’après les lois et les usages communs ; mais dans les grands intérêts de l’état, la gloire de nos ancêtres est l’unique loi qu’il faut consulter. Chacun des juges, s’il ne veut rien faire qu’elle n’avoue, ne doit monter au tribunal, pour juger une cause publique, qu’en se pénétrant de cette idée, qu’avec les ornemens de la magistrature, il va revêtir la dignité d’Athènes [76].

Cette digression, sur les exploits de vos ancêtres,