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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

ressources. Sans ce délai… Mais, Athéniens, est-il besoin de vous dire les malheurs dont vous fûtes préservés par la protection des dieux, et par cette même alliance qu’on me reproche, et qui fut cependant le rempart d’Athènes ? C’est pour vous qui devez nous juger, c’est pour ceux qui sont hors de cette enceinte, et qui m’écoutent, que je suis entré dans ces détails ; car, pour confondre ce vil personnage, il suffirait de ce raisonnement clair et précis.

Si, lorsque nous délibérions sur les intérêts de la république, l’avenir, Eschine, caché pour tous les autres, se dévoilait à vous seul, vous deviez alors en révéler les secrets ; s’il se cachait pour vous-même, vous êtes comptable de la même ignorance que les autres. Pourquoi donc suis-je plutôt accusé par vous, que vous par moi ? Cependant je l’emporte d’autant plus sur vous, quant au point dont il est question (je ne parle pas encore des autres), que je me suis livré à l’intérêt commun, sans craindre ni considérer pour moi aucun danger. Vous, au contraire, vous ne donnâtes aucun avis plus utile ; autrement on n’eût pas suivi le mien : vous ne fûtes d’aucun secours à la patrie. Ce que pouvait faire le citoyen le plus inutile et le plus mal intentionné, vous le fîtes après l’événement ; et tandis qu’Aristrate à Naxe, Aristolaüs [71] à Thase, ennemis de la république, citaient ses amis devant les juges, Eschine, dans Athènes