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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

que de conforme à sa patrie et à son caractère, usant insolemment de sa fortune présente, oubliant qu’il a passé contre toute espérance d’un état de faiblesse à ce point de grandeur : tant que les Athéniens le voyaient s’emparer de villes Barbares de leur dépendance, ils étaient moins sensibles à des injustices qui les regardaient eux seuls ; mais aujourd’hui qu’ils le voient emporter de force des villes Grecques, les insulter ou les renverser, ils croiraient commettre un crime et dégénérer de la gloire de leurs ancêtres, s’ils laissaient un Macédonien asservir la Grèce. En conséquence, le sénat et le peuple d’Athènes, animés du courage de leurs ancêtres, qui ont mieux aimé défendre la liberté des Grecs que leur propre patrie, ont résolu, après avoir fait des prières et des sacrifices aux dieux et demi-dieux qui protègent l’Attique, de mettre en mer deux cents vaisseaux, d’ordonner à l’amiral de passer les Thermopyles, au général de l’armée et au commandant de la cavalerie de conduire leurs troupes à Éleusis. Ils ont résolu, en outre, d’envoyer des députés aux autres Grecs, mais avant tout aux Thébains, comme étant menacés de plus près par Philippe ; de les exhorter à combattre avec ardeur pour leur liberté et pour celle des autres Grecs, sans craindre les efforts de l’ennemi commun ; de les avertir, enfin, que le peuple d’Athènes, oubliant le passé, et ne songeant plus aux sujets de plainte qui ont pu aliéner les