Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

serait peu décent dans la circonstance ; mais engagez-vous à leur donner du secours, dès qu’ils en demanderont ; faites-leur entendre qu’ils sont dans un péril extrême, et que nous sommes mieux instruits qu’eux des desseins de Philippe. S’ils acceptent nos offres, s’ils écoutent nos conseils, nous aurons obtenu ce que nous voulions, et nous l’aurons obtenu sans avoir compromis l’honneur de la république ; si au contraire nos démarches sont inutiles, ils ne pourront s’en prendre qu’à eux des malheurs où ils seront tombés par leur faute, et nous n’aurons rien fait qui ne soit digne de nous. »

Après de tels discours, et d’autres semblables, je descendis de la tribune. Mon avis fut approuvé généralement, et ne fut contredit de personne. Je ne me contentai pas de le donner de vive voix, je le proposai par écrit ; je ne me bornai pas à proposer le décret, je me chargeai de l’ambassade ; chargé de l’ambassade, je déterminai les Thébains : en un mot, me livrant à toute cette affaire sans réserve et sans relâche, je n’épargnai ni mes soins ni mes peines dans les périls qui assiégeaient la république. Greffier, montrez-nous le décret qui fut porté alors.

Eh bien ! Eschine, quel rôle avons-nous joué, vous et moi, dans ce jour remarquable ? Prétendez-vous que j’ai joué celui d’un Batalus [68], surnom que vous me donnez dans vos plaisanteries et