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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

tous les Thébains, livrés de concert à ce prince, ne viennent avec lui tomber sur l’Attique. Mais si vous déférez à mes conseils, si, renonçant à de vaines disputes, vous examinez sérieusement ce que je vais dire, il vous semblera, je pense, que je ne dis rien qui ne soit à propos, et qui ne tende à délivrer la république du danger qui la menace. Quel est donc mon avis ? Il faudrait d’abord cesser de craindre pour vous, ne vous occuper que des Thébains qui sont plus exposés que vous ne l’êtes, et qui ont plus besoin d’être secourus ; il faudrait ensuite faire partir pour Éleusis votre infanterie et votre cavalerie, vous montrer sous les armes à toute la Grèce, afin que vos partisans à Thèbes puissent aussi eux-mêmes parler librement pour la bonne cause, lorsqu’ils verront que, si Philippe a dans Élatée une armée prête à secourir ceux qui lui vendent leur patrie, vous aussi, Athéniens, vous êtes prêts à secourir ceux qui veulent combattre pour la liberté, et que vous les secourrez en effet, si on les attaque. Je voudrais encore qu’on nommât dix députés, et qu’on leur permît de décider par eux-mêmes, avec les généraux, le jour qu’ils partiraient pour Thèbes, et celui où nos troupes sortiraient d’Athènes. Mais les députés une fois arrivés, que faire dans cette conjoncture délicate ? Donnez-moi, je vous prie, toute votre attention. Ne demandez rien aux Thébains, cela