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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

niens, vous levant aussitôt, vous seriez tous montés à la tribune, puisque, tous, vous vouliez également le salut de la république. Si c’était aux plus riches, les trois cents [66] plus riches auraient parlé. Si c’était aux citoyens riches en même tems que zélés, on aurait vu paraître ceux qui, depuis, ont secouru l’état de sommes d’argent considérables : ces libéralités annonçaient du zèle et des richesses. Mais, sans doute, cette conjoncture, cette journée ne demandait pas un citoyen qui fût riche seulement et zélé, mais qui eût suivi les affaires dès le principe ; qui, par de justes réflexions, eût pénétré les desseins du prince, et les motifs de sa conduite. Un citoyen, en effet, qui n’eût pas connu sa politique, qui ne l’eût pas étudiée depuis long-tems, malgré son zèle et ses richesses, n’eût pas été capable de discerner le bon parti, et de vous donner le meilleur conseil. Le citoyen que demandaient les circonstances, et qui parut alors, ce fut moi. Je montai à la tribune, je vous tins des discours que vous devez écouter de nouveau, pour deux raisons : premièrement, afin que vous sachiez que, seul des orateurs et des ministres, je ne quittai pas, dans ces tems orageux, le poste [67] où me demandait le bien de la patrie, mais que, dans ces conjonctures critiques, je la servis avec ardeur par mes décrets et par mes conseils. La seconde raison, c’est que le peu de tems que vous mettrez à m’entendre, vous rendra