Quel est donc l’homme qui l’a secondé dans cette manœuvre, qui lui a fourni ces prétextes, qui, enfin, a été la cause principale de tous nos malheurs ? N’est-ce pas ce traître ? Ne dites donc plus. Athéniens, en vous promenant dans les places : Un seul homme a causé tous les malheurs de la Grèce. Non, ce n’est pas un seul homme, mais une infinité d’hommes pervers, répandus chez tous les peuples : j’en atteste la terre et le ciel. Eschine était de ce nombre ; et même, s’il faut le dire sans détour, je ne crains pas d’assurer qu’il est le fléau qui a enveloppé, dans la même ruine, hommes, villes, républiques : car, c’est à celui qui a fourni le principe des maux qu’on doit les imputer tous. J’admire, au reste, qu’en le voyant, vous n’ayez pas, d’abord, détourné les yeux ; mais, sans doute, d’épaisses ténèbres offusquent votre vue, et vous dérobent l’aspect de la vérité.
Les menées nuisibles de cet ennemi de l’état me conduisent naturellement aux projets utiles que leur opposa mon zèle : vous devez m’écouter, Athéniens, pour plusieurs raisons, et, sur-tout, parce qu’il serait honteux qu’ayant soutenu pour vous les plus rudes travaux, je ne pusse vous engager à en supporter le récit.
Comme je voyais que les Thébains, et, presque, vous-mêmes, séduits par les agens mercenaires que Philippe s’était ménagés dans Thèbes et dans Athènes, vous fermiez les yeux sur l’objet le plus à