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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

terrain sacré. Les Locriens ne nous avaient intenté aucun procès, et ne nous faisaient aucun de ces reproches qu’il a fabriqués pour colorer son crime : il est aisé de s’en convaincre. Les Locriens ne pouvaient intenter un procès à la république sans un ajournement ; qui donc nous ajourna ? de quelle autorité [59] ? Dites-nous, Eschine, nommez-nous quelqu’un qui le sache ? Mais vous ne le pourriez pas ; et c’est un moyen faux employé pour nous séduire.

Les amphictyons ayant visité le territoire des habitans d’Amphisse, par le conseil de ce fourbe, ceux-ci tombèrent sur eux les armes à la main, les percèrent presque tous de traits, et en prirent même quelques-uns. Dès qu’une fois ces attentats eurent donné lieu de se plaindre des Amphissiens, et de leur déclarer la guerre, d’abord, Cottyphe [60] fut élu général de l’armée des amphictyons. Mais, comme les uns n’étaient pas venus au rendez-vous et que les autres ne pouvaient réussir, d’anciens scélérats de Thessalie, et de quelques autres républiques, gagnés et apostés pour cet effet, déférèrent le commandement à Philippe pour la prochaine assemblée. Ils s’appuyaient de raisons plausibles : il fallait, disaient-ils, contribuer ensemble, soudoyer des troupes, punir ceux qui contreviendraient, ou recourir à ce prince. Qu’est-il besoin d’en dire davantage ? Il est élu général ; bientôt après il lève une armée à la hâte, se met en marche comme