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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

décernent, que la proclamation s’en fait sur le théâtre. Oui, sans doute, la récompense que la république accorde avec appareil, est un encouragement à la bien servir, et on applaudit moins au service qui la mérite, qu’à la gratitude qui la donne. Aussi a-t-on porté la loi que le greffier va nous lire. Lisez.

Loi.

Les couronnes que décerneront les bourgs, seront proclamées dans chaque bourg particulier ; mais, si le peuple ou le sénat décerne des couronnes, on pourra proclamer celles-ci sur le théâtre, aux fêtes de Bacchus.

Entendez-vous, Eschine, la loi qui dit expressément ? Si le sénat ou le peuple décerne des couronnes, on pourra les proclamer sur le théâtre, aux fêtes de Bacchus.

Pourquoi donc, malheureux imposteur, accumuler des mensonges ? Pourquoi forger des fables ? Pourquoi ne pas recourir à l’ellébore[1], pour vous guérir de ces manies ? Quoi ! vous ne rougissez pas d’intenter, par haine, une accusation sans fondement ! Vous n’avez pas honte, tantôt d’altérer, tantôt de tronquer des lois, qu’il aurait fallu lire dans leur intégrité, du moins à des juges qui ont fait serment de prononcer suivant les lois ! Et après cela, tel qu’un homme qui donnerait à un artiste l’idée d’une statue dont il ne trouverait jamais

  1. Tout le monde sait que l’ellébore était une plante employée communément par les anciens, pour guérir les cerveaux malades.