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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

dont il a fait présent au peuple ; que, lorsqu’il avait l’administration des deniers du théâtre, il a généreusement ajouté cent mines pour les sacrifices, à la somme tirée de toutes les tribus ; il a semblé bon au sénat et au peuple d’Athènes de donner des éloges à Démosthène, fils de Démosthène, de Péanée, à cause de sa vertu et de sa fermeté courageuse, à cause du zèle dont il est animé sans cesse pour le peuple d’Athènes ; de lui décerner une couronne d’or, qui sera proclamée sur le théâtre, aux fêtes de Bacchus, dans le tems des nouvelles tragédies, et de charger l’agonothète du soin de la proclamation.

Vous le voyez, Eschine : vous vous taisez sur le don que j’ai fait au peuple, et vous vous récriez contre l’honneur dont le sénat[1] le paie ; vous avouez que le bienfait est légitime ; et la reconnaissance, vous l’attaquez comme illégitime. Un méchant atroce, ennemi des dieux, possédé du démon de l’envie, quel est-il ? juste ciel ! n’est-ce pas un tel homme ?

Quant à la proclamation sur le théâtre, je ne dis point que mille couronnes y furent mille fois proclamées ; que moi-même j’y fus couronné plusieurs fois auparavant. Mais, au nom des dieux, Eschine, êtes-vous assez dépourvu de sens, pour ne pas comprendre que celui qui reçoit la couronne, acquiert la même gloire, en quelque endroit qu’on la proclame ; que c’est pour l’intérêt de ceux qui la

  1. Le sénat avait déjà approuvé et adopté le décret de Ctésiphon. Voyez plus haut, page 517, note 5.