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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

pour les dons qu’il a faits, et non pour aucun emploi dont il soit comptable, infâme calomniateur. Vous étiez chargé, dit-il encore, de la réparation des murs Aussi méritais-je des éloges pour avoir suppléé de ma bourse aux deniers qui m’avaient été remis, sans me faire tenir compte de ce supplément. Un compte, il est vrai, demande un examen et une révision ; mais un présent mérite de la reconnaissance et des éloges : et voilà le motif du décret qui me couronne.

Il m’est facile de prouver, par plusieurs exemples, que ces principes sont véritables, qu’ils sont fondés, et dans vos lois et dans vos coutumes. Vous couronnâtes plus d’une fois le général[1] Nausiclès, pour ses libéralités envers l’état. Diotime et Charidème furent couronnés tous deux pour avoir fourni des boucliers. Néoptolème que voici, préposé à des ouvrages publics, reçut le même honneur, pour avoir fait une partie de ces ouvrages à ses propres dépens. Il serait, en effet, bien triste qu’un citoyen, dans l’exercice et à cause de sa charge, ne pût faire aucun don à l’état ; ou qu’au lieu d’éprouver la reconnaissance qu’il mérite pour un pareil don, il eût à subir la rigueur des comptes. Pour preuve de ce que j’avance, greffier, prenez les décrets qui furent portés alors, et faites-en lecture. Lisez.

  1. Nausiclès et Diotime, généraux athéniens, ne sont connus que par ce qu’en dit Démosthène. Il est parlé d’un Charidème dans le discours d’Eschine ; peut-être est-ce le même que celui-ci. Voyez, page 241, note 26. Démosthène, dans sa harangue sur la fausse ambassade, parle d’un Néoptolème, comédien fameux qui fut employé dans les affaires publiques. Celui dont il est parlé ici, n’était pas le même ; car dans la cinquième Philippique ou harangue sur la paix, il est dit expressément que Néoptolème, le comédien, s’était transporté en Macédoine, lui et toute sa fortune. — Philon, cité dans le décret suivant, inconnu d’ailleurs.