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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

politiques, j’aurai pour elles votre propre témoignage.

Tous ces discours embrouillés et confus, dont vous fatiguait Eschine en discutant les lois, étaient, sans doute, inintelligibles pour vous, et n’étaient pas moins obscurs pour moi-même : je vais me défendre par la simple équité, et en suivant la route la plus droite.

Je suis si loin de me croire dispensé de rendre des comptes, comme le répétait si souvent cet imposteur, que j’avoue être comptable, tous les jours de ma vie, des deniers et des affaires d’Athènes, dont j’ai eu l’administration ; mais je soutiens que je ne le suis nullement de ce que j’ai donné à la république de mon plein gré ( entendez-vous, Eschine ? ) ni moi, ni aucun autre, pas même un des neuf archontes[1]. En effet, lorsqu’un citoyen généreux, exerçant sa libéralité envers l’état, lui a fait don d’une partie de ses biens, est-il une loi assez injuste, assez inhumaine, pour le frustrer de la reconnaissance qui lui est due, pour le livrer à la calomnie, et soumettre le bienfait à la malignité ? Non, il n’en est pas. Si l’accusateur dit qu’il en est une, qu’il la montre, je me rends et je me tais. Mais il n’en est aucune, Athéniens. Eschine, cependant, par un excès de malice, me faisant un crime de mes propres largesses, lorsque j’administrais les deniers du théâtre, s’écrie : Le sénat couronne un comptable. Oui ; mais c’est

  1. Archontes, magistrats d’Athènes, dépositaires de l’autorité souveraine ; ils succédèrent aux rois dans le gouvernement de l’état ; on en élisait neuf tous les ans. Le premier s’appelait simplement archonte ; nous en avons parlé plus haut, p. 517 : on a vu, dans le premier volume, les noms et les fonctions des autres.