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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

quiez-vous de traîtres pour vous le conseiller ?

Mais, reprenons la suite de mon ministère. Considérez encore, Athéniens, dans ce que je vais dire, les vrais intérêts de la république. Je voyais votre marine dépérir tous les jours ; les riches s’acquitter, à peu de frais, des contributions ; ceux qui étaient pauvres ou médiocrement riches, surchargés du reste, et le peuple d’Athènes manquant par-là les occasions : je portai une loi par laquelle je rappelai les riches à leur devoir, je tirai d’oppression les pauvres ; et, ce qui importait le plus à l’état, je fis en sorte qu’on n’attendît point après les préparatifs. Je fus accusé comme infracteur des lois. Je parus au tribunal, je gagnai ma cause, et l’accusateur n’obtint pas la cinquième partie des suffrages. Quelle somme, cependant, croit-on que m’offraient les premiers de chaque classe, les seconds et les troisièmes, pour m’engager surtout à ne point proposer ma loi, ou du moins à faire en sorte qu’elle ne passât pas ? La somme qu’ils m’offraient, Athéniens, je n’ose vous la dire. Et ils avaient leurs raisons pour essayer de me corrompre. En vertu des premières lois, pouvant s’associer jusqu’à seize pour acquitter leur taxe, ils ne donnaient rien ou presque rien, et les citoyens, peu riches, se trouvaient foulés : en vertu de la mienne, chacun donne suivant ses facultés, et tel, qui auparavant ne contribuait que d’un seizième à l’armement d’un seul vaisseau, se vit