Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

de mon administration, ce prince dressa contre Athènes de nouvelles batteries. Comme il voyait que nous consommions plus de grains étrangers que tout autre peuple, voulant se rendre maître du transport, il se jette dans la Thrace, et prie les Byzantins, ses alliés, de se joindre à lui contre nous. Mais comme ceux-ci ne se prêtaient pas à ses vues, qu’ils disaient, et avec raison, que le traité ne les y obligeait point, il entoure leur ville de palissades, fait avancer ses machines, et commence le siège. Ce qu’on devait faire dans cette conjoncture, je ne le demanderai pas : la chose est trop évidente. Qui donc a secouru les Byzantins ? qui les a sauvés du péril ? qui a empêché l’Hellespont de subir le joug ? vous. Athéniens ; quand je dis vous, je dis la république. Mais, quel était celui qui parlait, qui proposait, qui agissait pour cette république, qui se donnait tout entier et sans réserve à ses affaires ? moi. Il n’est pas besoin de paroles pour vous apprendre tous les avantages qui résultèrent de cette conduite, puisqu’ils se sont fait sentir par les effets. Outre la gloire qui vous revint de la guerre d’alors, cette même guerre vous procura des vivres en plus grande abondance et à plus bas prix que la paix actuelle[1]. cette paix que vantent nos honnêtes citoyens au préjudice de la patrie, parce qu’ils se flattent d’y trouver leur avantage. Puissent-ils être frustrés de leurs espérances ! Puissent-ils être exclus des biens que

  1. Notre orateur ne voyait pas sans peine qu’Athènes portait tranquillement, avec toute la Grèce, le joug des Macédoniens ; il aurait bien voulu qu’elle eût pris les armes pour le secouer : en conséquence, il attaque en passant, comme citoyens mal intentionnés, ceux qui, dévoués au roi Alexandre et au vice-roi Antipater, exhortaient les Athéniens à garder la paix avec la Macédoine.