Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
319
HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

dans Érétrie, je proposai pour ces deux villes, non plus une députation, mais une expédition : après quoi, j’envoyai contre lui des flottes qui sauvèrent la Quersonèse, Byzance et tous nos alliés. De là, les éloges, les honneurs, les couronnes, les actions de grâce, dont leur reconnaissance paya vos bienfaits, et qui vous couvrirent de gloire. Parmi les peuples attaqués, ceux qui suivirent vos conseils, y trouvèrent leur salut ; les autres, qui les avaient négligés, eurent souvent lieu de se rappeler ce que vous leur aviez prédit, aussi convaincus de votre sagesse et de votre prévoyance que de votre amitié généreuse, puisque vos prédictions furent toutes justifiées par l’événement. Cependant, que n’eût pas donné Philistide pour être maître dans Orée ; Clitarque, pour l’être dans Érétrie ; Philippe, lui-même, pour jouir de ces deux places, et s’en servir contre vous, pour qu’on ne découvrît pas ses autres injustices, et qu’on ne les éclairât pas ? Tout le monde le sait, et vous, Eschine, mieux que personne, vous qui logiez les députés de Clitarque et de Philistide, lorsqu’ils vinrent dans notre ville, vous qui étiez leur hôte, et qui faisiez leurs affaires. Oui, des gens qu’on avait chassés, comme ennemis de la république, opposés, dans tous leurs discours, à ses droits et à ses intérêts, vous les aviez pour amis. Vous n’avez donc rien avancé que de faux, ô vous qui osez dire, dans vos invectives, que je me tais, quand