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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

pas compris dans nos traités ; que ces ordres ont été donnés à l’amiral, sans l’aveu du peuple d’Athènes, par quelques magistrats qui sont encore en charge, et par d’autres qui n’y sont plus. Ils voudraient absolument que le peuple rompît avec moi et me déclarât la guerre, cherchant plutôt à nous mettre aux prises qu’à secourir les Sélymbriens, dans l’idée que la guerre ne peut que leur être avantageuse. Mais, comme je pense qu’elle n’est utile ni à vous ni à moi, je vous renvoie vos vaisseaux ; et, par la suite, si vous éloignez des affaires ceux de vos chefs qui vous conseillent aussi mal, si vous les punissez comme ils le méritent, je ferai en sorte, moi-même, de maintenir la paix. Adieu.

On ne voit, dans cette lettre, ni le nom de Démosthène, ni aucune plainte qui tombe sur moi personnellement. Pourquoi donc, en se plaignant des autres ministres[1], Philippe ne parle-t-il pas de moi ? c’est qu’il n’aurait pu rappeler ce que j’ai fait, sans réveiller le souvenir de ses injustices que je poursuivais et traversais sans cesse. Il avait cherché à s’introduire dans le Péloponèse ; je proposai sur-le-champ une députation pour le Péloponèse : j’en proposai aussi pour l’Eubée, lorsqu’il toucha à l’Eubée : lorsqu’il établit des tyrans dans Orée et

  1. En se plaignant des autres ministres. Que veut dire Démosthène par ces mots ? Les autres ne sont pas plus nommés que lui. Apparemment qu’ils étaient désignés par ces paroles, quelques magistrats qui sont encore en charge , et d’autres qui n’y sont plus : circonstance où probablement Démosthène ne se trouvait pas.