indispensable, c’était de réprimer, par de justes voies, les entreprises d’un monarque injuste. Vous, Athéniens, vous le fîtes toujours, comme vous le deviez faire ; et moi je vous y animai, je vous le proposai en arrivant au ministère, je ne le nie pas. Mais, dites-nous, Eschine, je vous le demande encore, que devait faire Démosthène ? Je passe sous silence Amphipolis, Pydna, Potidée, l’Halonèse ; je n’en fais point mention. Quant à la prise de Serrie et de Dorisque, à la ruine de Péparéthe et à quelques autres dommages qu’a essuyés notre république, je pourrais même ignorer si ces faits sont réels : vous disiez néanmoins tout-à-l’heure que mes discours, à l’occasion de ces pertes, nous avaient attiré l’inimitié de Philippe, quoique les décrets d’alors soient d’Eubulus[1], d’Aristophon, de Diopithes, et non de moi, ô vous qui débitez, au hasard, tout ce que la malignité vous suggère ! Je me tais encore là-dessus. Mais un prince qui s’assujettissait l’Eubée, et voulait s’en servir pour tenir l’Attique en respect ; qui entreprenait sur Mégares, s’emparait d’Orée, détruisait Porthmos, établissait, pour tyrans, à Orée, Philistide, Clitarque, à Érétrie ; qui soumettait l’Hellespont, assiégeait Byzance, rasait les villes de la Grèce, ou y rappelait les exilés : un prince qui commettait toutes ces violences, agissait-il contre la justice, contre la foi des traités ? Rompait-il la paix ou non ? Fallait-il ou non que quelqu’un des Grecs
- ↑ Eubulus, ministre d’Athènes ; Aristophon et Diopithe, ministres et généraux athéniens. Il est parlé d’Aristophon dans le discours d’Eschine, qui précède. Diopithe était père de Ménandre, poète comique, qui a été l’original de Térence. — Plus bas, Philistide et Clitarque, deux citoyens ambitieux et mal intentionnés, qui asservirent chacun leur ville, pour se conformer aux vues de Philippe.