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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

extraordinaire, convoquée par les généraux, de l’avis des prytanes et du sénat ; Callisthène, fils d’Etéonique, de Phalère, a dit : Qu’aucun Athénien, sous aucun prétexte, ne séjourne à la campagne ; qu’il réside dans la Ville et dans le Pirée, excepté ceux qu’on aura distribués dans les garnisons ; que ces derniers gardent exactement leur poste, sans s’écarter de jour ni de nuit. Quiconque désobéira à ce décret, encourra les peines portées contre les traîtres, à moins qu’il ne prouve qu’il lui a été impossible d’obéir. Le général d’office, le trésorier et le greffier du sénat, jugeront les excuses des contrevenans. Que chacun transporte au plus tôt de la campagne tous ses meubles et effets : ceux qui seront en-deçà de cent vingt stades, dans la Ville et le Pirée ; ceux qui seront au-delà de cent vingt stades, dans Éleusis, Phylé, Aphidne, Rhamnuse et Sunium. Signé, Callisthène de Phalère.

Était-ce, Athéniens, dans cette espérance que vous aviez conclu la paix ? Était-ce là ce que vous avait promis ce vil mercenaire ? Lisez maintenant, greffier, la lettre que Philippe nous écrivit après son expédition.

Lettre de Philippe[1].

Philippe, roi de Macédoine, au sénat et au peuple d’Athènes, salut. Vous savez que nous avons passé les Thermopyles, et subjugué la Phocide. Nous avons mis garnison dans les villes qui

  1. Les lettres de Philippe, que nous retrouvons dans Démosthène, ont toutes un air cavalier et militaire, que j’ai tâché de conserver dans la traduction. Le ton de ces lettres annonce la supériorité du prince qui écrit, et la faiblesse du peuple auquel il écrivait.