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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

l’être par un ennemi ; mais le plus grand des malheurs serait de se voir enlever le plus grand des biens, votre affection et votre bienveillance. Intéressé, comme je le suis, dans ce différend, je vous prie, Athéniens, et je vous supplie tous d’écouter mon apologie, dans des dispositions équitables, ainsi que l’ordonnent les lois : ces lois, que cet ancien législateur, Solon, votre ami et l’ami du peuple, ne se contenta pas de graver sur l’airain, pour en assurer l’empire, mais qu’il crut encore devoir consacrer par la religion du serment : non qu’il se défiât de votre intégrité, du moins je l’imagine ; mais il sentait qu’il est impossible à l’accusé d’échapper à des imputations et à des calomnies, si puissantes dans la bouche de l’accusateur, qui parle le premier, si chacun de vous, fidèle au respect envers les dieux, n’accueille favorablement celui qui parle le dernier, et ne pèse les raisons de l’un et de l’autre avec l’impartialité qui convient à des juges.

Puis donc qu’en ce jour j’ai à rendre compte de mon administration publique et de ma vie privée, je vais implorer, de nouveau, tous les dieux, en leur adressant la même prière qu’au commencement de ce discours. Je leur demande donc que, dans cette cause, ils vous inspirent, pour moi, les mêmes sentimens dont je suis animé pour la république et pour vous ; je leur demande encore qu’ils vous dictent, dans cette affaire, le jugement le