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SUR LA COURONNE.


Démosthène et pour lui-même. Et en effet , si Démosthène n’eût point parlé avec autant de force , la calomnie triomphait , et Tinnocence succombait : tant il est vrai de dire que l’éloquence est une arme dangereuse entre les mains d’un homme artiBcieux que la passion domine ! Jusqu’à présent j’ai donné une idée générale .des deux harangues ; il est à propos , je crois , de faire une analyse de chacune, un peu plus détaillée.

Analyse de la harangue d'Eschine.

Dans son esorde, Eschine , après avoir fait des vœux pourlerétablissement dubon ordredaus larépubllque,et des plaintes sur les désordres actuels, monlre toute l’importance de sa cause. Il plaide pour le maintien des lois et de la démocratie , et par conséquent sa cause intéresse les juges en particulier, et tous les citoyens en général. Il n’annonce pas la division de son discours , qu’il a annoncée dans son acte d’accusation. Il le divisera en trois parties : il accuse Ctésiphon, comme nous l’avons dit plus haut, d’avoir violé les lois en trois chefs ; premièrement, parce qu’il a proposé de couronner Démosthène encore comptable ; secondement, parce qu’il demande qu’on proclame la couronne sur le théâtre ; troisièmement en6n , parce qu’il a exposé le faux dans son décret.

Toute la première partie peut se réduire à ces deux syllogismes.

Premier syllogisme.

Les lois défendent de couronner des magistrats comptables avant qu’ils aient rendu leurs comptes ; or Démosthène était comptable lorsqu’on lui a décerné une couronne : donc on a enfreint les lois en lui décernant une couronne.