Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1820, tome 5.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée
5
SUR LA COURONNE.


ment des preuves ; marche et progrès du discours, qui va toujours en augmentant de force et d’intérêt ; chaleur d’une imagination sage et réglée, qui unit tout, qui anime tout, jusqu’aux discussions les plus sèches, qui fait tout avancer à son but avec rapidité ; adresse avec laquelle ils se concilient partout l’attention et la bienveillance des auditeurs ; sagesse dans la distribution des ornemens ; richesse d’une élocution facile et dégagée ; finesse et solidité des pensées ; précision et harmonie des phrases, coupées dans des endroitsetarrondiesdansd’autres ; simplicité noble et piquante de l’expression et des tours : tout y est pur et naturel, tout y coule de source ; art de mêler habilement tous les styles, qui obvie au dégoût d’une triste et ennuyeuse monotonie : tantôt familiers, mais avec noblesse, ils conversent simplement avec ceux qui les écoutent, pour les faire entrer dans un raisonnement, ou les instruire d’un fait : tantôt plus ornés, mais sans affectation, ils répandent, dans le cœur de ceux auxquels ils parlent, comme une rosée agréable qui le pénètre et le remplit d’une satisfaction douce et délicieuse : tantôt sublimes, mais sans enflure, ils remuent l’âme, relèvent et la transportent par les traits les plus forts et les plus touchans.

Ils ne se contentent pas, l’un et l’autre, d’avoir Instruit leurs juges dans le corps du discours, de leur avoir présenté, d’une manière intéressante, tout ce qu’ils ont cru propre à décider leurs suffrages, ils ramassent à la fin, en faveur de leur cause, ce qui a pu leur échapper. Ils reviennent, avec de nouvelles instances, aux raisons . qu’ils estiment les plus fortes, les plus capables de leur obtenir un jugement favorable ; ils y reviennent, ou pour achever de déterminer leurs juges, si par hasard ils n’eussent été d’abord qu’ébranlés, ou pour rappeler en leur mémoire ce qui a fait le plus d’impression sur eux.