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SOMMAIRE DES DEUX HARANGUES.


Démoslhène encore comptable, contre la disposition d’une loi d’Athènes , qui défendait de couronner un magistrat avant qu’il eût rendu ses comptes ; secondement, parce qu’il avait demandé qu’on proclamât la couronne sur le théâtre , contre la disposition d’une loi qui , dans le cas où le peuple jugeait quelqu’un digne d’une couronne, assignait l’assemblée du peuple pour le lieu de la cérémonie ; troisièmement enfin , parce qu’il avait exposé le faux dans son décret , présentant Démoslhène comme un citoyen fidèle et zélé , quoiqu’il ne fût ni l’un ni l’autre. On peut dire qu’Eschine n’accuse Ctésiphon , que parce qu’il haïssait Démoslhène ; car il insiste principalement sur ce que celui-ci était un traître vendu aux ennemis’de l’état , l’auteur et la cause des malheurs publics.

L’accusation fut intentée quatre ans avant la mort de Philippe , et l’on ne procéda au jugement, que la troisième année de la CXll.^ olympiade, sous l’archonte Aristophon, et la sixième du règne d’Alexandre , lorsque ce prince était déjà maître de l’Asie.

On accourut à cette cause, de tous les pays de la Grèce, comme à un spectacle extraordinaire. C’en était un en effet , et des plus beaux, de voir aux prises les deux plus grands orateurs de leur siècle , tous deux ministres , employés souvent dans les affaires de leur ville et dans celles de la nation , animés tous deux par leur intérêt personnel, et par la haine la plus vive. L’importance et la célébrité de leur cause , l’attente d’un nombreux auditoire , à laquelle il fallait répondre , leur firent épuiser toutes les ressources de l’éloquence ; et l’on ne croit rien dire de trop , en disant de leurs harangues sur la couronne, que ce sont deux chefs-d’œuvre qui peuvent servir de règle.

Tout y est admirable et parfait : beauté de plan, ordonnance et liaison de toutes les parties ; suite et enchaîne-