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RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES


SUR


LES EXORDES DE DEMOSTHENE.


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Je n’ai jamais vu ni entendu citer les exordes de Démosthène que je publie aujourd’hui dans notre langue. Bien des personnes font peu de cas de cette production de notre orateur, que je regarde comme précieuse, comme un monument qui prouve combien il était laborieux et occupé des affaires de l’état. Je ne pense pas, comme quelques uns, qu’il les ait composés uniquement pour se fournir d’avance une espèce de magasin d’exordes, dans lequel il devait prendre ceux qui lui conviendraient, suivant les occasions. Il avait trop de génie et trop de bon sens pour ne pas faire ses exordes exprès, quand il avait à parler, et pour adapter aux discours qu’il devait prononcer des débuts faits à loisir et avant le tems.

Je vais exposer mes idées et mes conjectures sur ce qui a pu donner sujet à Démosthène de composer ces exordes, qui sont tous certainement de lui. Il était fort occupé des affaires publiques, et nous savons qu’il avait pour principe de parler le moins qu’il pouvait, sans être préparé. Ceux qui sont exercés à faire des discours, savent que le début souvent est ce qui coûte le plus. Il y a donc toute apparence que lorsque Démosthène prévoyait qu’il serait dans le cas de parler sur quelque affaire, et que le tems ne lui permettrait pas de composer le discours, il composait toujours l’exorde, afin de savoir par où débuter. Car il ne faut pas