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détails qui auraient pu choquer des oreilles françaises. La troisième partie tombe principalement sur Démosthène. Eschine détruit toutes les raisons subtiles et artificieuses qu’il pouvait suggérera l’accusé ; il l’attaque lui-même, et ne lui épargne ni les railleries ni les invectives. Il répond aussi à un des généraux d’Athènes, qui se disposait à défendre Timarque, et qui, entre autres moyens de défense, devait employer l’autorité des poëtes. A cette occasion, Eschine cite des vers d’Homère et d’Euripide, pour montrer quelle différence il y a entre un amour honnête et une passion criminelle. Enfin, et c’est le sujet de la quatrième partie, les juges doivent condamner Timarque et le diffamer pour l’intérêt de leurs enfans, pour qu’ils conservent la pureté de leurs mœurs ; ils doivent le condamner sans écouter ceux qui sollicitent pour lui, et qui ont intérêt qu’il soit absous, parce qu’ils sont les fauteurs ou les complices de ses désordres.

Ce discours a dû précéder, d’une ou deux années, les harangues sur la fausse ambassade, et par conséquent a du être prononcé la première année de la CIX. * Olympiade, ou la quatrième de la CVIII. e.

Timarque fut condamné et diffamé, non-seulement par la sentence des juges, mais encore dans l’opinion de tous les citoyens. Son nom passa en proverbe, et on appela depuis un Timarque tout infâme débauché. On prétend qu’il ne put survivre à un tel déshonneur, et que, ne pouvant soutenir l’idée d’un pareil opprobre, il se donna lui-même la mort. Il n’est connu que par la harangue faite contre lui ; mais nous voyons, par le témoignage même de son accusateur, que c’était un homme important dans la république ; qu’il s’était élevé, par son éloquence, aux premières charges, et qu’il avait déjà rempli, quoique jeune, les principaux emplois.

J’ai balancé long-tems si je donnerais ce discours, dont l’objet est de poursuivre la condamnation d’un homme coupable de vices infâmes : mais comme il y a de grandes beautés et des choses curieuses, déterminé par mes propres réflexions et par celles de plusieurs personnes, je me suis hasardé à le donner, en supprimant, dans ma traduction, quelques détails qui pourraient souiller l’imagination, et offenser les oreilles chastes.


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