Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/557

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
541
NOTES.

lippe, s’il était vraiment déterminé à la paix ; l’autre, pour conclure la paix et la cimenter par la religion des sermens. C’est au retour de cette seconde ambassade, qu’Eschine amusa le peuple des fausses promesses de Philippe, dont Démosthène fait ici le détail. — Rétablirait Thespies et Platée. Thespies et Platée, villes de Béotie, protégées par les Athéniens, et que les Thébains, ennemis mortels d’Athènes, avaient entièrement ruinées. — Qu’il conserverait les Phocéens. Philippe subjugua les Phocéens l’année même de cette harangue, et les traita avec la plus grande rigueur. Il ordonna qu’on ruinerait les villes de la Phocide, qu’on les réduirait toutes en bourgs de soixante feux au plus, que ces bourgs seraient placés à une certaine distance l’un de l’autre, et que les habitans paieraient un tribut annuel. — Vous ferait rendre Orope. Orope, ville sur les confins de la Béotie et de l’Attique. Elle avait appartenu aux Athéniens : ceux-ci la voyaient avec peine entre les mains des Thébains, qui s’en étaient emparés. Philippe promettait de la leur faire rendre. — Vous donnerait l’Eubée en dédommagement d’Amphipolis. Amphipolis paraissait aux Athéniens d’une telle importance, qu’ils n’avaient point voulu jusqu’alors renoncer au droit et à l’assurance de la recouvrer quelque jour. La cession d’Amphipolis était un des articles du nouveau traité. Pour adoucir cette perte, à laquelle le peuple était sensible, on publia que Philippe lui céderait l’île d’Eubée en dédommagement.

(5) Les Phocéens étaient alliés d’Athènes : d’ailleurs Philippe, maître de la Phocide, le devenait des Thermopyles, ce qui lui donnait les clefs de la Grèce. Les Athéniens devaient donc, par honneur et par intérêt, s’opposer à la ruine des Phocéens.

(6) Les anciens donnaient beaucoup à la Fortune ; ils croyaient qu’elle influait sur tout ce qu’ils faisaient, disaient et pensaient.

(7) Nous avons dit, dans le sommaire, que Philippe, après avoir soumis les Phocéens, avait assemblé à la hâte les seuls Amphictyons qui lui étaient dévoués, et qu’il leur avait fait décider, entre autres choses, qu’il jouirait du droit de séance au conseil amphictyonique, dont les Phocéens étaient déclarés déchus. Démosthène conseille aux Athéniens de ne pas irriter des peuples qui auraient fait valoir leur titre d’Amphictyons pour se liguer contre Athènes, sous prétexte de soutenir leurs décrets.

(8) Les Thébains étaient aussi opposés aux Athéniens que dévoués à Philippe : on pouvait donc être révolté de la proposition avancée par Démosthène. — Quelque stupides qu’on les suppose. Les habitans de la Béotie, dont Thébes était la ville principale, passaient dans la Grèce pour des hommes épais et stupides. Pindare et Plutarque, tous deux de Béotie,