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NOTES
SUR LA CINQUIÈME PHILIPPIQUE.



(1) Philippe pratiquait des intelligences dans l’Eubée : il était près de la soumettre. Plutarque d’Érétrie députa vers les Athéniens, et les conjura de venir délivrer cette île qui allait se rendre aux Macédoniens. Les Athéniens se portèrent avec la plus grande ardeur à secourir Plutarque, malgré l’avis de Démosthène qui ne voulait pas qu’on écoutât sa proposition. Son avis fut justifié par l’événement. Plutarque trahit ceux dont il avait imploré le secours. Cette trahison inattendue n’empêcha pas Phocion, chef des troupes athéniennes, d’attaquer Philippe, de remporter sur lui un avantage considérable, et de chasser d’Erétrie le perfide Plutarque. Mais Molossus, son successeur dans le commandement de l’armée, fut vaincu par Philippe, et fait prisonnier avec ses soldats.

(2) Néoptolème était en même temps bon poëte tragique et bon acteur. Démosthène le traite de simple comédien. Quoique les comédiens ne fussent point déshonorés chez les Grecs, et qu’ils n’y fussent pas exclus des premiers emplois, cependant, comme on sent toujours en soi-même quelque répugnance à se donner en spectacle, et à faire métier d’amuser les autres, par un sentiment naturel on n’estimait pas beaucoup les comédiens de profession, même dans la Grèce, où leur état n’était point diffamant. Les comédiens et les poètes avaient beaucoup de crédit auprès des Athéniens. Ce peuple, grand amateur de spectacles, pardonnait sans peine à quiconque savait le divertir. Le Néoptolème, dont il est ici question, avait été nommé, l’année précédente, l’un des dix ambassadeurs de la république pour conclure la paix. Après avoir fait plusieurs voyages en Macédoine pour y exercer ses talens, il s’y établit enfin pour toujours.

(3) S’acquitter des charges. Il est ici question des charges onéreuses, surtout de l’armement d’une ou de plusieurs galères à ses dépens, et de l’intendance des jeux. Il fallait être riche pour fournir aux dépenses de ces deux objets. Mais aussi les citoyens qui portaient ces charges, étaient plus distingués que les autres dans l’état. Les dignités et les premiers emplois étaient pour eux.

(4) Il y eut deux ambassades pour la paix, dont furent Eschine et Démosthène. L’une, pour savoir quelles étaient les intentions de Phi-