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CINQUIÈME PHILIPPIQUE.

autres, à prendre les armes contre nous, à moins qu’ils n’aient tous des raisons pour partager la querelle. Si nous nous trouvions aux prises avec les Thébains pour la ville d’Orope, ou pour quelque autre objet semblable, nous n’aurions pareillement rien à craindre des autres Grecs. Ils nous secourraient même, nous ou les Thébains, si on nous attaquait injustement, mais non pas si nous voulions attaquer. On verra, pour peu qu’on y réfléchisse, que c’est-là l’esprit des confédérations, et qu’elles sont nécessairement telles par leur nature. Nul peuple ne porte la bienveillance pour nous et pour les Thébains, jusqu’à vouloir qu’une des deux puissances, non contente de se maintenir, opprime sa rivale. Tous veulent pour eux-mêmes que nous ne soyons opprimés ni les uns ni les autres ; mais aucun ne voudrait que nous fussions les maîtres, et que nous dominassions dans la Grèce.

Qu’y a-t-il donc à craindre, et que doit-on éviter, selon moi ? de fournir aux peuples des sujets de plainte, et un prétexte commun pour marcher contre nous. Car si les Argiens, les Messéniens, les Mégalopolitains(10), tous les habitans du Péloponèse qui sont du même parti, sont mal disposés pour notre république, parce que nous avons recherché l’alliance de Lacédémone, et que nous paraissons nous prêter à ses entreprises ; si les Thébains, qui, comme on dit, nous haïssent naturellement, nous haïssent encore davantage parce que nous recueillons ceux qu’ils ont bannis(11), et