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CINQUIÈME PHILIPPIQUE.

vos forces et toutes vos ressources en faveur de Philippe, je parus encore, et je dénonçai le traître sans aucun esprit de haine ni de malignité, comme l’événement le fit voir. Je ne m’en prendrai pas aux défenseurs de Néoptolème, puisque personne n’osa le défendre, mais à vous-mêmes, Athéniens. Quand vous eussiez assisté à de vains spectacles, et que vous n’eussiez pas eu à délibérer sur des affaires publiques et sur le salut de l’État, vous n’auriez pu nous écouter, lui avec plus d’intérêt, moi avec plus de répugnance. Aucun de vous néanmoins n’ignore maintenant que cet homme qui fit alors un voyage chez nos ennemis, sous prétexte d’aller recueillir en Macédoine l’argent qui lui était dû pour revenir ici s’acquitter des charges(3) ; que cet homme qui se plaignait sans cesse, qui trouvait affreux qu’on fit un crime à quelqu’un d’aller recevoir ses dettes[1], que ce même homme, dis-je, réalisa les fonds qu’il possédait chez nous, et alla s’établir auprès de Philippe avec toute sa fortune. Ces deux premiers faits, justifiés par l’événement, sont une preuve de la droiture et de la sincérité des discours que je vous tins alors.

Je vais vous rappeler une troisième circonstance, après quoi j’entre en matière. Au retour de l’ambassade(4) où mes collègues et moi nous avions reçu les sermens pour la paix, on vous promettait, de la part de Philippe, qu’il rétablirait

  1. Il serait mieux de dite : le montant de ses créances.