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CINQUIÈME PHILIPPIQUE.

en état d’améliorer votre situation, et de réparer vos pertes.

Je sais que, quand on le peut prendre sur soi, il est un moyen facile de réussir auprès de vous, c’est de vous parler de soi-même, et de vous rappeler les avis qu’on a ouverts dans l’occasion. Mais ce moyen me déplaît si fort, que je me fais une peine d’y avoir recours, quoique j’en voie la nécessité. Je m’y résous néanmoins, persuadé que vous jugerez mieux des conseils que je vous donne, si je vous rappelle quelques-uns de ceux que je vous donnai par le passé.

Et d’abord, lorsque, pendant les troubles de l’Eubée, on vous conseillait de secourir (1) Plutarque, et de vous charger d’une guerre aussi dispendieuse que peu honorable, je fus le premier et le seul qui montai à la tribune pour m’y opposer. Peu s’en fallut que je ne fusse mis en pièces par ces perfides qui, pour un vil intérêt, vous engagèrent dans mille fautes énormes. Le déshonneur dont cette guerre vous couvrit, et les insultes que vous essuyâtes, telles que jamais peuple n’en éprouva de la part de ceux qu’il voulait secourir, vous firent bientôt reconnaître la bonté de mes avis, et la perversité des citoyens qui vous avaient donné de mauvais conseils.

Dans une autre occasion, voyant le comédien Néoptolème(2) obtenir de vous toute licence, grâce à son talent, portera la république des coups mortels, abuser de son crédit pour employer toutes