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CINQUIÈME PHILIPPIQUE.[1]


Ce qu’il y a d’embarrassant et de difficile dans la délibération actuelle, ô Athéniens ! c’est que, d’un côté, nous avons fait par notre négligence bien des pertes sur lesquelles il serait superflu de raisonner longuement, et que, de l’autre, ne pouvant nous accorder sur les moyens de conserver ce qui nous reste, nous sommes toujours divisés sur nos vrais intérêts. Mais ce qui augmente encore l’embarras, c’est que, par un défaut qui vous est propre, au lieu de songer à prévenir le mal, vous ne délibérez que quand le mal est fait. De là vient que, tout en applaudissant à l’orateur qui vous reproche vos fautes, vous laissez les affaires vous échapper au moment même où il semble qu’elles vous occupent. Malgré ces obstacles de votre part, je me flatte (et c’est ce qui me fait monter à la tribune) que si, renonçant à tout esprit de contention, vous voulez m’entendre avec la tranquillité d’un peuple qui délibère sur les intérêts de la patrie, et sur les affaires de la plus grande importance ; je me flatte que mes avis et mes discours vous mettront

  1. Autrement, harangue sur la paix.