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QUATRIÈME PHILIPPIQUE.

dans leurs ports et dans leurs marchés ; car ils pensent que la perception de ces droits serait beaucoup mieux employée à subvenir à leurs besoins, qu’à grossir les trésors de Philippe. S’il était une fois privé de ce revenu, il n’aurait plus de quoi fournir à l’entretien des étrangers qu’il soudoy’. On doit présumer de plus que les Péoniens, les Illyriens, et tous les autres peuples qu’il a nouvellement asservis, aimeraient mieux vivre indépendans et libres, qu’esclaves. Outre qu’ils ne sont pas accoutumés à obéir, ils ont affaire à un maître qui abuse, dit-on, insolemment de son pouvoir. Et assurément rien n’est plus vraisemblable : car lorsqu’un insensé devient plus heureux qu’il ne mérite, ses prospérités ne sont pour lui qu’une occasion d’exercer la malignité de son caractère ; de là vient qu’il paraît souvent plus difficile de conserver que d’acquérir[1].

Pour vous, Athéniens, persuadés que tout ce qui est contraire aux intérêts de votre ennemi, est favorable aux vôtres, agissez vivement et sans délai ; envoyez des députés partout où il est nécessaire ; animons les autres, et marchons nous-mêmes. Ah ! si Philippe trouvait une occasion aussi favorable d’agir contre nous, et que la guerre s’allumât sur nos frontières, avec quelle ardeur ne viendrait-il pas nous attaquer ! et un homme qui vous ferait tant de mal, s’il en trouvait l’occa-

  1. Facilius est quædam vincere quam tuori. Quinte-Curce.