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QUATRIÈME PHILIPPIQUE.

Pour moi, Athéniens, quoique beaucoup de choses n’aillent pas comme nous le souhaitons, je suis persuadé néanmoins qu’en faisant le calcul exact de toutes les faveurs que nous avons reçues des dieux, on se sentirait pénétré de la plus vive reconnaissance. En effet, les pertes considérables que nous avons faites à la guerre, ne doivent être imputées qu’à notre négligence. Mais le bonheur de ne les avoir pas éprouvées plus tôt, l’avantage d’une alliance capable de les réparer toutes, si nous voulons en profiter, voilà ce que je regarde comme l’effet d’une protection divine. Mais, à mon avis, il en est de l’usage des conjonctures, comme de l’usage des richesses : tant que l’on conserve les biens qu’on a reçus de la fortune, on conserve aussi beaucoup de reconnaissance pour elle ; mais si l’on vient à les perdre en folles dépenses, on perd en même temps la reconnaissance pour la déesse dont on les avait reçus ; ainsi dans le gouvernement des États, ceux qui n’ont pas su profiter des occasions, oublient les grâces que le ciel leur a faites. Car ce sont les derniers événemens qui règlent d’ordinaire les jugemens que nous portons sur tous les événemens passés.

Vous devez donc. Athéniens, vous occuper fortement du soin de conserver tout ce qui vous reste encore, afin que notre nouvelle conduite efface la honte que les événemens passés ont imprimée au nom Athénien. Car si nous abandonnons encore