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TROISIÈME PHILIPPIQUE.

sonne dans vos armées, de vous montrer dignes de vous-mêmes, et d’employer vos ressources domestiques comme autant de moyens pour acquérir des biens étrangers ; peut-être, Athéniens, peut-être alors parviendrez-vous à obtenir quelque grand et insigne avantage ; et vous perdrez le goût de ces misérables distributions que l’on peut comparer à certains alimens que les médecins permettent aux malades. Car, ainsi que ces alimens ne rendent pas la force, et suffisent néanmoins au soutien de la vie, de même les distributions que vous recevez ne sont pas assez considérables pour fournir à tous vos besoins, et le sont néanmoins assez pour vous détourner des travaux utiles, et vous entretenir dans votre paresse.

Vous voulez donc, dira quelqu’un, qu’on paie la solde avec les fonds des distributions ? Je veux que dès à présent on établisse une règle commune pour tous les citoyens, et que tout homme, qui recevra sa part des deniers de la république, concoure avec ardeur et partout où il faudra au service public. Est-on en paix ? ce que vous recevrez de l’État augmentera votre aisance domestique, et vous affranchira des honteuses nécessités où réduit l’indigence. Est-on en guerre, comme dans la conjoncture présente ? vous servirez la patrie, ainsi qu’il est juste, en recevant, à titre de solde, ce que vous recevez comme une libéralité. Votre âge vous dispense-t-il du service ? ce que vous recevez maintenant, sans le mériter par au-