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TROISIÈME PHILIPPIQUE.

places, chaque citoyen s’estimait heureux d’obtenir du peuple les honneurs, les dignités et les autres avantages. Aujourd’hui, au contraire, ce sont les magistrats qui dispensent les grâces, ce sont eux qui font tout ; tandis que vous, peuple énervé, sans argent et sans alliés, vous êtes regardés comme une troupe de valets, comme une populace destinée seulement à faire nombre ; trop contens de votre sort, si les magistrats ne vous retranchent ni les deux oboles pour le théâtre, ni ces distributions(15) qu’on vous fait dans les jours de réjouissance ; et, pour comble de lâcheté, vous croyez devoir de l’obligation à ceux qui vous font part de votre bien. Après vous avoir emprisonnés dans vos murailles, ils vous amorcent par des largesses, et vous apprivoisent, afin de vous rendre souples et dociles à leur volonté. Or, je ne crois pas que des hommes qui vivent d’une manière basse et méprisable, puissent avoir une âme grande et élevée. Car le genre de vie influe nécessairement sur les sentimens de l’âme. Au reste, je ne serai nullement surpris, les dieux m’en sont témoins, de m’être exposé, en vous représentant ces désordres, à être traité plus sévèrement que ceux qui en sont les auteurs ; car vous n’accordez pas toujours la liberté de tout dire, et je suis surpris qu’en ce moment vous m’ayez écouté avec tant de patience.

Si vous voulez donc, après avoir renoncé, du moins aujourd’hui, à une conduite si indigne de vous, prendre la résolution d’aller servir en per-