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TROISIÈME PHILIPPIQUE.

hommes capables de vous bien conseiller, et νous excellez sur tous les peuples à bien juger de la nature d’un conseil. Il ne tient qu’à vous d’agir maintenant, si vous êtes sages. Car quel autre temps, quelle occasion plus favorable attendez-vous ? quand est-ce que vous ferez ce que vous devez faire, si vous ne le faites aujourd’hui ? Philippe ne s’est-il pas d’avance emparé de toutes nos places ? S’il parvenait à se rendre maître de l’Attique, ne serait-ce pas pour nous le comble de la honte ? Ceux à qui nous promettions un prompt secours, s’ils étaient attaqués, ne le sont-ils pas en ce moment ? Celui qui les attaque n’est-il pas notre ennemi ? n’est-ce pas un usurpateur de nos possessions ? n’est-ce pas un barbare ? n’est-ce pas un… Enfin, tout ce que l’on voudra dire. Mais, grands dieux ! après que nous lui aurons tout cédé, après que nous l’aurons presque secondé dans ses entreprises, chercherons-nous à qui nous devons imputer tous nos maux ? car nous nous garderons bien de nous en accuser nous-mêmes ; je le sais parfaitement. Nous ferons comme ceux qui fuient dans un combat : aucun d’eux ne se reconnaît coupable ; il accuse son général, son camarade, et tout autre que lui-même : cependant ils n’ont tous été vaincus que parce que chacun d’eux a pris la fuite. Car tel qui accuse les autres, pouvait tenir ferme à son poste ; et si chacun en eût fait autant, on eût remporté la victoire.