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TROISIÈME PHILIPPIQUE.

être abolies par ceux-là même qui les ont autrefois proposées. Car il n’est pas juste que les auteurs de ces lois funestes continuent à jouir d’une faveur acquise par les maux qu’ils ont faits à l’État, et que l’auteur des conseils propres à réparer ces maux, soit puni de son zèle par votre haine. Avant d’avoir remédié à tous ces désordres, ne vous attendez pas, Athéniens, à trouver parmi vous un citoyen assez puissant pour attaquer impunément de pareilles lois, ou assez insensé pour se jeter dans un péril manifeste en les attaquant.


Sachez de plus, Athéniens, qu’un décret n’est rien, si vous n’y joignez la volonté d’agir promptement : car si les décrets avaient la vertu de vous obliger à faire ce que vous devez, ou d’effectuer eux-mêmes ce qu’ils prescrivent ; vous, qui accumulez décrets sur décrets, vous ne verriez pas vos affaires avancer si peu, ou plutôt ne point avancer du tout, et Philippe ne nous insulterait pas depuis tant d’années : car il y a long-temps que, par la vertu de vos décrets, il eût reçu le châtiment qu’il mérite. Mais il n’en va pas ainsi, Athéniens ; car, bien que l’exécution soit, dans l’ordre des temps, postérieure à la délibération et au décret, il est certain que, pour la force et l’efficacité, elle marche avant l’une et l’autre. Il faut donc joindre l’exécution au décret. Car, du reste, rien ne vous manque ; vous avez parmi vous des