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DISCOURS.

cause attache d’autant plus qu’elle est plus liée avec les affaires de l’état et les intérêts de la patrie.

Le gouvernement d’Athènes était purement démocratique : le mérite, et surtout celui de l’éloquence, y faisait la noblesse, y conduisait aux premiers honneurs. Il suffisait d’être premier citoyen et éloquent pour haranguer le peuple. On voulait délibérer sur une affaire importante, on était assemblé dans la place publique ; un héraut s’avançait au milieu des Athéniens, et demandait à haute voix, au nom de la patrie, qui des citoyens assembles voulait parler pour elle. Alors, comme si la patrie elle-même l’eût appelé, un citoyen, quel qu’il fût, pourvu qu’il eût du zèle et du talent pour la parole, se levait et montait à la tribune. Là, animé par les plus grands motifs, par le désir de sa gloire, par la considération de l’intérêt commun et du sien propre, il donnait avec ardeur lavis qui lui semblait le plus utile. Dès qu’il avait parlé une ou deux fois, et qu’il avait plu, il était dès lors regardé comme un des principaux de l’état. La république l’élevait aux charges, remployait dans ses négociations, l’envoyait en ambassade ; c’était un de ses ministres : orateur et ministre, étaient à Athènes deux mots synonymes.

Il était bien flatteur pour un citoyen, souvent d’une condition obscure, de se voir tout-à-coup considéré dans sa ville. de dominer dans la tribune d’y régner en maître, par la parole, sur une foule d’hommes libres et de souverains, jaloux à